Ça commence…
Ça commence… Ma première journée sera consacrée aux médias ; Ma seconde pour me rendre au Yukon ; La troisième pour l’achat de mes permis de chasse…
Ça commence…
Ma première journée sera consacrée aux médias ;
Ma seconde pour me rendre au Yukon ;
La troisième pour l’achat de mes permis de chasse et de pêche ;
Puis, on me larguera en forêt.
Point de départ : Mayo.
Oui, comme la mayonnaise.
Le village, au cœur du Yukon, abrite quatre cent cinquante âmes dont la moitié sont des Amérindiens du peuple Na-Cho Nvak. Il n’y a pas de musée d’art contemporain ni d’opéra dans cette bourgade. Cependant, il y a de l’air pur, des sourires et beaucoup d’attention accordée aux touristes, comme moi, même si ce n’est que pour une courte visite. Déjà, c’est beaucoup !
C’est la ville record du Yukon en ce qui concerne les écarts de température. Le premier, établi le 3 février 1947, où il a fait -62.2 degrés et le second, le 14 juin 1969, où le mercure est monté à 36.1 Celsius. Un village d’extrême quoi ! 98.3 degrés Celsius entre les deux points, ça mérite une mention dans mes écrits, une place de choix dans mes souvenirs. Au confluent de la rivière Mayo et Stewart, l’endroit est bien choisit pour se perdre. Après Mayo, plus rien ! Et c’est dans ce plus rien que je m’apprête à bondir.
Puis, non. Pas de Mayo! QUOI? Je suis scié!
Je m’étais préparé pour ce village, mais finalement… non.
Ce sera Ross River… je viens tout juste d’apprendre, à la dernière minute, que mon point de départ à été modifié. André François, un spécialiste du Yukon, à qui j’avais demandé d’organiser mon largage au cœur de nulle part, vient de me surprendre! Sa commande était claire, il devait me déstabiliser! Eh bien, bravo! Je le suis complètement. J’avais étudié des cartes topographiques de la région de Mayo, je m’étais informé sur la végétation, le climat, les risques de mauvaises rencontres avec des grizzlis, notamment, mais tout cela ne sert plus à rien.
J’ai le cœur qui bat à cent à l’heure, mais ça va. En réalité, je suis même très heureux de ce changement. Fred Dion avait demandé de l’aventure! Eh bien, Fred Dion est servi. J’aimerais bien vous parler de Ross River, mais je ne sais même pas s’il s’agit d’un village, d’une ville, d’une pourvoirie ou d’un camp de pêche. Je suis dans le noir total, avant d’être totalement dans le noir! Vous allez me trouver cinglé, mais j’adore ça.
Bon, je révise mon matériel!
En fait, je n’apporte presque rien pour accompagner mon jugement ! Un packraft, qui est un petit bateau gonflable, facilement transportable dans un sac de randonnée, un couteau, un briquet (11 grammes pour 1200 flammes — je l’ai essayé), un sifflet, de la broche à collet, une lame de scie sans le manche, un petit kit de pêche et des accessoires de réparation pour le packraft. J’ai aussi un filet antimoustique, car je suis bien d’accord de me faire manger par un animal sauvage, mais pas par les mouches noires; des sangles, 100 $ en billets de 20 $ pour soudoyer un écureuil (si je trouve un chalet vide, je me permets d’entrer, de manger quelques conserves s’il en reste et je laisse un dédommagement en argent sur la table, je fais aussi le ménage en plus!), une crème de zinc et une corde.
Voilà ! Mes vêtements aussi évidemment, mais pas de rechange. Mes odeurs vestimentaires me serviront d’ami et qui sait, elles pourraient peut-être éventuellement repousser un grizzli ou faire croire à une bande de loups que je suis une charogne déjà décomposée. Et si je ressortais de ces bois avec de nouvelles amies mouffettes ? Nous verrons bien…
L’heure est venue. Je me place un bandeau sur les yeux et je m’envole.
Lorsque je descends de l’hélicoptère, me voilà ravi! Le paysage est à couper le souffle, je marche dans une carte postale. La beauté de cette nature encore vierge. Un serrement de cœur lorsque l’hélicoptère décolle… et me voilà seul. Seul au monde, seul comme Adam dans le jardin d’Éden, seul comme un gars perdu dans le bois.
Bon. Je dois faire un choix! Est ou Ouest? Je suis québécois et j’habite à l’Est, alors ce sera ma direction. Comme mon premier pas se fera vers la maison, aussi bien que ce pas soit dans la bonne voie. Maintenant, je dois penser qu’à une chose, survivre.
Chaque heure de survie en est une gagnée.
Je gagne, je gagne!
Pour visionner les images du largage de Fred et voir le magnifique paysage qui sera son terrain de jeu des prochains jours ou semaines :