Je serai seul au monde quelque part au lac Mistassini. Je pourrais tricher, n’est-ce pas?

Je me suis lancé tout un défi en planifiant mon “Opération ours polaire”. Survivre en plein hiver dans des températures avoisinant les -35 Celsius, sans aucun équipement, sans feu, sans eau et sans nourriture. Ma chienne Nanook qui m’accompagne aura ses rations de moulée quotidiennes. Des croquettes pour chien… hummm! Combien de temps sera-t-il nécessaire avant que la faim et le petit diable au-dessus de mon épaule me disent : “Mange les croquettes de ton chien, personne ne le saura! De toute façon, tu en as déjà mangé quand tu avais 5 ans”. Effectivement, je serai loin de tous les regards et personne ne pourra vérifier si j’ai écouté cette voix. Pour l’avoir vécu dans le passé, quand la faim prend le dessus sur toutes les autres pensées, on a besoin d’une maîtrise parfaite de nos émotions pour en arriver à garder les lignes directrices du projet.

Quand j’ai traversé le Québec à la course (Gaspé-Ottawa, 2011), il m’est arrivé d’avoir la tentation de monter dans la voiture. “Monte Frédéric, tu es blessé, personne ne saura que tu n’as pas fait les cinq derniers kilomètres du marathon d’aujourd’hui”. Durant cette aventure, je courais cinq marathons par semaine durant sept semaines. Je n’ai pas lâché. Je croyais en mes chances de réussite malgré la blessure.

Parfois, le doute s’installe. À ce moment, les fameuses pensées nuisibles montent à l’esprit. “Le projet est trop gros pour moi”, “Je n’y arriverai jamais”, “C’est trop difficile”… Comment pouvons-nous nous libérer de ces dernières et garder la motivation pour accomplir le projet prévu au départ? Il s’agit exactement du genre de réponses que je cherche à trouver en vivant l’expérience “Opération ours polaire”. Oui! Ce sera difficile! Et au-delà du fait que ma femme m’ait interdit de manger la nourriture de mon chien sous peine de ne plus jamais m’embrasser, je fais ce défi pour me dépasser personnellement! Je le fais pour moi! C’est le leitmotiv le plus puissant pour entreprendre une action quelle qu’elle soit : le faire pour soi. Si je triche ici ou dans tout autre défi qui se présente dans ma vie, je serai le seul à en payer le prix par la honte. C’est une terrible sentence! Nous sommes notre juge le plus sévère.

Alors, vous pouvez être certain que j’irai au maximum de ce que je peux faire sans mettre ma vie ou celle de mon chien en danger. Et si jamais l’expérience me mène à adapter mes objectifs, vous serez mis au courant. Je souhaite que le partage de mon vécu aidera d’autres gens à se dépasser. Osez l’aventure! Passez à l’action!

Photo d’archive de Frédéric Dion