« Il faut vraiment aimer la misère pour faire ce que tu fais !» C’est ce que plusieurs personnes me disent après avoir vu une de mes conférences. Je comprends très bien cette réaction. Après tout, elles viennent de passer une heure à me voir dans des situations extrêmes de fatigue et d’inconfort. Quel plaisir peut-il y avoir à manger un bol de nouilles, seul au milieu de nul part, assis sur tas de branches de sapin, en sachant que la température passera sous les moins 30 degrés Celsius au cours de la nuit?
Présentée de cette façon, la vie d’un aventurier peut paraître complètement dénudée de sens. Pourtant, je garde une véritable passion pour ce métier! Au moment où les gens sont témoins de mes moments difficiles, ils se détendent, confortablement assis dans une salle de spectacle tempérée. Il s’agit d’un contraste marquant entre ce qu’ils voient et ce qu’ils vivent. C’est justement dans cette comparaison que se trouve la clé de ma passion pour l’aventure.
Sortir de notre zone de confort nous fait vivre la difficulté, le doute et même la peur. Quand je suis en expédition, je vis l’effort des longues journées. En arrêtant le soir pour manger un repas chaud, je me sens confortable et je me repose. La nuit demeure froide, mais le lendemain, en bougeant, je sentirai la chaleur m’envahir de nouveau. De l’obscurité totale de la nuit, la neige vierge m’éblouira le lendemain. Et l’expédition en entier me confrontera à cet enchaînement de contrastes. Le poids du doute se transformera en douce euphorie une fois l’objectif atteint.
Le bonheur que me procurent ses différentes polarités tel que confort et inconfort, rêve et réalité, doute et réalisation, faim et satiété, me motive à rechercher les situations propices à les vivre de nouveau. Je reviens d’expédition en appréciant davantage un bon repas, une douche chaude, le rire de mes enfants…
Des contrastes, nous en vivons tous quotidiennement. Il faut apprendre à les reconnaître et à les apprécier. Au Québec, nous avons la chance de vivre dans un des plus beaux endroits rempli de polarités. Nous avons les grandes villes et les vastes étendues, la culture américaine et notre identité de Québécois. Novembre est arrivé : nous quittons la chaleur de l’été pour plonger dans les températures glaciales de hiver. En ce sens, novembre n’est pas le pire ou le meilleur mois de l’année, mais seulement une partie de cet équilibre qui rend notre pays un endroit où il y a beaucoup de contrastes et donc beaucoup de bonheur.
Wow…tes mots sont remplis de sens et de pures vérités simples. On y comprends mieux toute l’importance de vivre pleinement toutes ces expéditions. Aimer la misère?? non… Apprécier chaque parcelle de la vie? Oui!!
Quel beau partage! Je trouve super de te lire. Tu m’as fais réaliser que je travaille mes contraste et c’est une façon pour moi de passer à travers des situations, de les leur faire face et d’en tirer profils. Merci pour cette lecture! 🙂