Souvent, quand on dit à une personne qui ne sais pas ce qu’est un marathon (42.2km) que l’on a complété l’épreuve, la question suivante est : “Tu es arrivé combientième?”
Pour la majorité des gens qui pratique la course à pied, il ne s’agit pas d’un domaine de compétition entre individus. C’est d’abord une activité pour se retrouver et se dépasser. Cela est encore plus vrai quand on participe à une course où se rassemblent des milliers de participants.
Pourtant, la semaine passée, au marathon d’Ottawa, j’ai connu la compétition entre individus comme jamais! J’étais rendu au 33 ième km et je courais côte-à-côte avec deux autres participants. Nous étions fatigués. À cette étape, il y a moins de dépassements entre les coureurs. Tout le monde commence à puiser dans ses ressources mentales profondes. C’est alors, qu’un homme venu de nulle part nous a crié un “Tassez-vous!” et nous a doublé à bonne vitesse, en soufflant comme un taureau. Le comportement, l’attitude et l’allure de cet homme, dans la quarantaine, aux cheveux courts, m’a rappelé certaines personnes rencontrées dans ma carrière militaire.
J’ai suivi la brute pendant de nombreux kilomètres. Pour lui, les autres coureurs étaient clairement des ennemis à vaincre! À plusieurs reprises, je l’ai vu accrocher des coureurs en les dépassant, alors qu’il y avait amplement d’espace à côté. Son rythme était variable, de même que les cris qu’il lançait pour faire sortir sa rage ou écarter les gens sur son passage. Deux fois, quand il a ralenti, je l’ai rejoint, mais il ne se laissait pas dépasser et il repartait de plus belle à coup d’expirations exubérantes.
À force de voir le comportement désagréable et agressif de cet homme, j’ai fini par embarquer dans son jeu. Il m’a poussé à bout jusqu’à la ligne d’arrivée. Il restait 2 km avant la fin de cette souffrance physique intense et mon “énergumène” courait une centaine de pieds devant moi. J’ai élaboré mon plan. J’allais rejoindre la bête, en conservant une bonne distance pour ne pas la relancer. Au temps venu, je mettrai la gomme jusqu’à la fin. La marque du dernier km passa, c’était trop long pour moi. À 750 m de la fin, là j’ai allongé le pas et me suis rendu compte que j’avais des réserves. J’ai rejoint l’ennemi qui comme prévu, a mis les gaz. Sa réaction a allumé mon esprit compétitif. Non! Le méchant ne gagnera pas dans mon film! J’ai poussé au maximum! Je sentais mes cuisses prêtes à exploser. La foule criait, le taureau soufflait. C’était lui ou moi qui monterait sur le podium. Tranquillement, il cassa et disparut loin derrière. Dans ma tête, la foule criait pour moi. Le film connaissait le dénouement heureux. J’avais vaincu le méchant coureur. J’ai passé la ligne. Ma fille, ma femme et mes amis m’ont accueilli en héros.
En course, la première victoire est sur soi : la récompense pour les sacrifices et les efforts fournis. Cependant, je dois avouer qu’un “méchant à battre”, une fois de temps en temps, ça peut mettre du piquant dans l’aventure.
Je suis arrivé 180 ième et je n’ai évidemment pas monté sur le podium. J’ai pris le temps de féliciter mon “adversaire”, qui était aussi très fier de sa course.
WOW Fred, tu es tout un exemple de courage et de détermination à s’inspirer. Ne lâche pas, nous sommes de tout coeur avec toi et nous allons suivre ta prochaine expédition avec grand enthousiasme pour Opération Enfant Soleil. C’est un très beau geste de dévotion pour la cause des enfants malades. Félicitations et bon succès en avance car, puisque tu es un gagnant, je sais que tu réaliseras ton défi avec brio.
Salut Fred,
C’est tellement vrai à quel point on a régulièrement besoin d’un adverssaire pour nous surpasser. Tu m’as mis vraiment dans un scénario dont j’ai régulièrement vécu lorsque j’étais avec l’infanterie au 1R22R, entre les défis du cmdt… LA RAGE DANS LES DENTS, ON MORD DEDANS !! Ça soulage grandement l’orgueil de vaincre “un ennemi” et en bout de ligne, ce défi personnel qu’on s’est fait en tête, on en ressort tout fier même si pour bien des gens c’est banal…ça fait notre journée ; )
Encore bravo pour ton exploit au marathon, on est pas toujours là pour t’encourager mais on pense bien fort à toi lorsque t’es en train de vivre chacune de tes aventures. Tout ce qu’on peut faire pour t’aider, t’appuyer et y participé, on le fera du mieux qu’on peut. Cheers !
Franky Dude